Rue Rémy Doutre  

Plan de situation
Date de dénomination : 02.03.1900, partie de la rue du Furan.

Reymond dit Rémy, fils de Jean Doutre, cultivateur puis maçon et d'Antoinette Faure, né à Monistrol le 1er mars 1845 (consulter le registre), mort à Lyon 3e le 1er juillet 1885 (consulter le registre).
Il n'a pas deux ans lorsque son père meurt et, après le décès de son jeune frère Jean en 1848, sa mère vient s'installer à Saint-Étienne. Il travaille très jeune à la forge, à la mine puis à la Manufacture d'Armes.
Il est encore forgeur lorsqu'il épouse à Saint-Étienne, Ursule Olivier, couturière le 11 juillet 1865. Il est l'auteur de nombreuses chansons, entre autres, il écrivit "La Ricamarie" suite à la fusillade du Brûlé du 16 juin 1869. En 1870, il s'engagea comme volontaire dans les chasseurs à pied et fut nommé sous-officier. Après la campagne, il reprit son métier d'armurier tout en continuant à composer des chansons. En 1869, il fut membre fondateur du premier "Caveau stéphanois", qui a disparu avec la guerre de 1870 et participa à la "Gaieté gauloise" créée par son ami Jean-François Gonon. Il avait adopté le genre de Pierre Dupont pour ses chants politiques et populaires. Sa vie s'est terminée dans la plus extrême détresse, après une longue maladie.
Portrait de Rémy Doutre

Les fondateurs du Caveau stéphanois en 1883
"La Ricamarie", chanson écrite en mémoire des victimes de la fusillade du Brûlé

Ils réclamaient leurs droits par une grève immense,
Nos courageux mineurs aux traits noirs mais riants,
Plus de bras au travail, donc un morne silence
Règne autour de leurs puits, naguère si bruyants.
Mais, hélas ! tout à coup la fusillade tonne,
Puis on entend des cris de douleur et d'effroi !
La poudre est en fumée et le clairon résonne,
Onze frères sont morts en réclamant un droit.

(Refrain)
Soldats, lorsque vous massacrez des frères sans défense,
Vous êtes des bourreaux.

On a tué l'enfant dans les bras de sa mère,
Egorgé lâchement une femme à genoux,
Un paisible vieillard qui défrichait sa terre
A ce moment fatal servit de cible aux coups
Mais voila sur le sol et dans le sang qui coule
Vont se mêler les pleurs que versent leurs parents
Consternée autour d'eux, on voit aussi la foule
Muette de terreur devant leurs corps sanglants

(Refrain)

La cour de l'hôpital est pleine de victimes
De morts et de blessés, de simples curieux
On se dit en pleurant, quel était donc leur crime
Pour tomber à jamais sous les coups furieux ?
Ici c'est l'orphelin qui pleure père et mère
Une femme en sanglots auprès d'un corps d'enfant
Là-bas un ouvrier qui reconnaît son frère
Parmi tous ces débris de chair morte et de sang

(Refrain)

Vers le champ du repos un funèbre cortège
Immense et menaçant porte douze cercueils
On pleure, on pleure encore, on entend, le dirais-je
Des lamentations dans les tristes recueils
On parlera longtemps soldats de ce « fait d'arme »
A vous vos souvenirs, triste célébrité
Mais il se peut qu'un jour vous versiez sang et larmes
Souvenez-vous alors du mot fraternité

(Refrain)

Voilez d'un crêpe noir les couleurs de la France
Le drapeau pour lequel sont morts tant de héros
Vous avez massacré des frères sans défense
Vous n'êtes plus soldats, vous êtes des bourreaux.

Le refrain original très patriotique n'était plus chanté, le voici :

Soldats, quand vous frappez l'ennemi de la France
Dans un loyal combat, vous êtes des héros ;
Mais quand vous massacrez vos frères sans défense,
Vous n'êtes plus soldats, vous êtes des bourreaux.

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