La source Badoit  

La mise en valeur des eaux de Saint-Galmier grâce à Marin Richard de Laprade

L'acte de naissance de Marin Richard nous indique qu'il est né à Viverols en Auvergne (aujourd'hui Puy-de-Dôme) le 26 janvier 1744, fils de Claude Richard, seigneur du Pontempérat, et de Marie Anne Forestier. Cette ancienne famille bourgeoise a été anoblie en la personne de Claude Richard par l'acquisition de la seigneurie du Pontempérat près d'Usson-en-Forez. La maison forte, dont le petit-fils, l'écrivain et académicien Victor de Laprade a été propriétaire au XIXe siècle, est inscrite à l'inventaire du patrimoine culturel de la région.

Dernier né d'une famille nombreuse, il perd son père en 1755. Après des études au collège jésuite de Riom et un bref passage comme cadet dans un régiment d'infanterie, il étudie la médecine à Montpellier où il soutient sa thèse le 4 janvier 1770. Il vient alors exercer son métier à Montbrison. Médecin-ordinaire de Louis XVI, comme il avait appris l'art de l'analyse des eaux minérales lors de ses études, il devient intendant des eaux minérales du Forez. Il fait connaître les eaux minérales du Forez notamment en publiant en 1778 Analyse et vertus des eaux minérales du Forez et de quelques autres sources. Parmi de nombreuses sources étudiées, se trouve la source de Saint-Galmier. Avant lui, Joseph Raulin l'évoque en 1772 dans son Traité analytique des eaux minérales de la façon suivante : "Galmier. Il y a une fontaine minérale dans une petite ville du même nom, à sept lieues de Lyon ; elle a un goût vineux, piquant et agréable. Elle contient très peu de principes fixes".

La création de la source Badoit

L'acte de naissance de M. Badoit nous indique qu'il est né à Saint-Germain-Laval (Loire) le 17 thermidor an IV (4 août 1796) et qu'il a reçu les prénoms de Saturnin Joseph. Fils de Jacques, propriétaire et de Justine Françoise Lattard du Chevallard de Bellerive.
C'est sous le nom d'Auguste Saturnin Badoit, que ce courtier en soierie signe, le 1er mai 1837, un bail de fermage pour 18 ans d'une source connue depuis toujours, la Fontfort, et qui était exploitée localement par d'autres fermiers. Le Docteur Ladevèze avait écrit plusieurs rapports sur cette eau dès 1823 et il avait été nommé médecin inspecteur des eaux le 7 mars 1827. Badoit commercialise l'eau immédiatement, parfois dans les pharmacies, dans plusieurs villes de la région mais aussi à Paris, Nice ou Marseille. Un rapport de l'Académie royale de médecine du 21 mai 1839 en vante les mérites thérapeutiques.
Buste d'Auguste Saturnin Badoit sur le bâtiment de l'usine à Saint-Galmier.

Buste d'Auguste Saturnin Badoit dans l'usine de Saint-Galmier, source Geneanet.

Buste d'Auguste Saturnin Badoit dans l'usine à Saint-Galmier, photo archives départementales de la Loire.

Sans périmètre de sécurité, cette source attire la convoitise et un pharmacien de Lyon crée, en 1840, la société André qui exploite une nouvelle source à quelques mètres de la précédente. Badoit riposte en achetant une maison voisine et en y exploitant une nouvelle source. Il y avait donc trois sources et la Fontfort commençait à se tarir ce qui ne faisait pas les affaires de la municipalité puisqu'elle était en fermage. Le 6 février 1848, la municipalité dénonce le bail avec Badoit mais le gouvernement provisoire autorise l'exploitation de la source André le 2 mars et la source Badoit le 10 mars. La concurrence fut alors sévère entre les deux propriétaires qui faisaient de la "réclame" dans les journaux pour discréditer l'autre en produisant des rapports médicaux. Le 12 juin 1857, il fut mis fin à cette concurrence. La municipalité étaient déclarée propriétaire des trois sources et les exploitants devraient chacun payer un droit.

Auguste Badoit meurt à Montpellier le 21 février 1858 et son épouse, née Maria Lotz, d'origine suisse, va quitter la région et se remarier à Besançon. C'est son gendre, Félix Cherbouquet, et son épouse, Catherine Marguerite Stéphanie, qui continuent l'exploitation. En 1859, il y a fusion de la société Badoit avec sa concurrente, la société André.
Félix Cherbouquet meurt à 46 ans le 16 novembre 1874 non sans avoir légué par testament, 10 000 F au bureau de bienfaisance de Saint-Galmier, 10 000 F à l'hospice, 10 000 F à la fabrique et 10 000 F aux ouvriers de l'établissement des eaux, pour la fondation d'une caisse de secours mutuels.
Stéphanie Cherbouquet-Badoit est alors la seule représentante des intérêts de la famille, sa fille Marie Agathe Lucie Augustine née à Saint-Galmier le 30 août 1860, était morte l'année suivante, le 3 septembre 1861. En 1882, elle participe, avec les frères Antoine et Irénée Laurent, verriers à Rive-de-Gier, à la création d'une verrerie à Veauche, afin de minimiser le transport des bouteilles venant, jusque-là, de la verrerie Richarme de Rive-de-Gier. Pétrus Richarme, mécontent de ce manque à gagner, achète, en 1883, la source Noël à Saint-Galmier et menace de construire une verrerie. La source Noël avait été autorisée le 20 mars 1876 et appartenait à Mme veuve Noël Desjoyaux (mère de Joseph Desjoyaux qui sera maire de Saint-Galmier). Une longue négociation aboutit en 1893 à un rachat de la source Noël par la Compagnie Badoit et à un accord entre les deux verreries pour se partager le marché.
En 1893, Paul Laurent, frère cadet des directeurs de la verrerie de Veauche, installe une verrerie à Saint-Romain-le-Puy pour approvisionner la Source Parot. Dans sa cinquantième année, Stéphanie Badoit meurt à Lyon le 17 juin 1889, l'exploitation changera alors de mains et deviendra la Société des eaux de Saint-Galmier en 1894 tout en restant amodiataire (locataire) de la ville. La société devient propriétaire des sources le 5 octobre 1896 dans une convention signée par le maire Joseph Desjoyaux et la source sera déclarée d'intérêt public par décret du 12 août 1897.
Auguste Badoit est inhumé à Saint-Galmier auprès de sa mère, sa fille, son gendre et sa petite-fille.
Voir aussi

Le bâtiment de l'usine à Saint-Galmier.

Dès 1843, l'eau de Saint-Galmier fait l'objet de publicité.

Publicité dans la presse locale en 1878.

Tombeau de la famille Badoit Cherbouquet.

Les inscriptions à l'intérieur du tombeau

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