La reconstruction avortée du théâtre

 
Construit "provisoirement" par l'architecte lyonnais Jules Exbrayat et inauguré en 1853, le Grand Théâtre devenu Théâtre Massenet en 1913 disparaît dans les flammes le 17 février 1928.

Dès le 22 août les expertises ayant eu lieu, compte-tenu des frais de démolition et d'indemnisation des artistes, la ville reçoit la somme de 3 656 538 F de la part de 45 compagnies d'assurance ! Cette somme devra être consacrée à la construction d'un nouveau théâtre.
Le 26 novembre il est décidé de laisser libre l'emplacement de l'ancien théâtre pour ne pas nuire à la perspective de l'École des Beaux-Arts, préoccupation louable qui n'a pas prévalu beaucoup plus tard lors de l'édification du parking des Ursules ! Il est alors question de démolir l'ilot entre la rue de la Bourse (aujourd'hui rue de la Résistance), la rue du Théâtre, la rue Ronsard, la place Grenette soit une superficie de 2300 m2, presque deux fois la surface de l'ancien emplacement et une capacité de 1500 à 1600 spectateurs au lieu de 1200. Le principe de l'ouverture d'un concours est alors acquis.

Le 25 mars 1929, un rapport provisoire de la commission de reconstruction est rendu et fait état d'une dépense de l'ordre de 18 à 20 millions de francs largement supérieure aux indemnisations des assurances. Dès septembre 1929 Antoine Durafour, député et Président du Conseil général, interpelle le maire, Louis Soulié, sur des rumeurs d'une reconstruction qui prendrait dix ans, réflexion prémonitoire.
Le 23 novembre un nouveau rapport indique qu'il n'est pas certain qu'une déclaration d'utilité publique soit prononcée si l'on maintient le nombre d'expropriations. La commission préconise de modifier l'emplacement de la nouvelle construction pour se rapprocher de l'ancien emplacement et d'avoir des négociations avec moins de propriétaires expropriés, c'est ce qui sera fait.

Le premier concours est officiellement ouvert lors de la séance du conseil municipal du 30 avril 1931. Trente dossiers sont déposés et le 3 novembre 1931 trois propositions sont qualifiées pour le concours définitif. Elles émanent de cabinets d'architectes parisiens, Félix Brunau, Paul Noulin-Lespès et Jean Fressinet, Charles Sébillotte, Robert Marlière et Jean Marie.
Le résultat du concours définitif date du 29 février 1932 après réunion d'une commission comprenant des élus et des nombreux architectes dont deux très connus à Saint-Étienne, Léon Lamaizière, architecte honoraire de la ville, et Jean Bernard, architecte départemental. C'est le cabinet Sébillotte - Marlière - Marie qui remporte le concours avec le projet suivant connu sous le nom de Palais du Peuple.

En août 1934 la maquette du projet est livrée au Palais des Arts. Pendant ce temps ont lieu les démolitions d'immeubles achetés par la municipalité.
C'est seulement le 9 juillet 1936 qu'est lancé l'avant-projet qui devra comporter plans et devis.
L'approbation préfectorale du 16 avril 1937 permet l'établissement du projet définitif. Celui-ci est validé le 29 octobre. Le devis de construction comprenant les honoraires des architectes est de 14 220 058 F. Déduction faite des indemnités d'assurance sur lesquelles ont déjà été prises les indemnités des participants au concours, la ville prévoit un emprunt de 12 569 841 F. Le projet est donc adopté.

Le 23 mars 1938, les quelques réclamations de riverains expropriés ne semblent pas nuire à la poursuite du projet et une enquête d'utilité publique est lancée. Par ailleurs, le règlement d'une première tranche d'honoraires pour les architectes est approuvé.
À partir de 1939 on ne trouve plus trace de ce projet dans les comptes-rendus des Conseils municipaux, la guerre a probablement fait passer cette construction aux oubliettes.
Il reste une question, à quels travaux ont été utilisées les sommes versées par les assurances pour l'incendie ?

Source des images : archives municipales.

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