La longue histoire des bains-douches publics

 
C'est à la fin du XIXe siècle que l'on a commencé à se préoccuper avec un peu plus d'attention à l'hygiène publique. La population ouvrière, et particulièrement les mineurs, avait besoin d'autre chose que l'eau glacée de la fontaine ou d'un baquet pour faire une petite toilette. Il y avait également un besoin d'hygiène pour les enfants.
À partir de ce constat, on pouvait penser qu'un projet de bains-douches allait pouvoir aboutir rapidement, c'était sans compter sur l'opposition des buandiers-baigneurs qui voyaient d'un mauvais oeil cette concurrence et surtout sur les lourdeurs de l'administration.

Le principe avait été arrêté dès 1898 pour l'édification de bains-douches à bon marché et gratuits pour les enfants, une commission avait été nommée. Ce n'est pourtant qu'en 1901 qu'on voit apparaître un avant-projet. Celui-ci prévoit d'édifier un bâtiment au centre-ville sur un terrain de 1400 m2 dans lequel seraient installées, selon un système mis au point par un ingénieur parisien, des baignoires, des douches et une piscine, le tout pour 350 000 F. Il est indiqué que cette installation ferait honneur à la municipalité socialiste de Jules Ledin. Un accord est trouvé entre les membres du Conseil municipal à condition d'ajouter deux chalets d'hygiène pour des quartiers excentrés, ce qui augmente le coût de 50 000 F.

Après plusieurs ajournements le projet est adopté le 27 mai 1902 déclenchant immédiatement une pétition de la part des buandiers-baigneurs qui le jugent illégal et qui demandent, dans tous les cas, d'attendre une décision du Conseil d'État interrogé sur une affaire similaire à Paris. D'ajournements en allers-retours entre la Mairie, la Préfecture et le Ministère, le projet ne va revenir en discussion qu'en 1906 !

Un projet détaillé de convention entre le maire, Jules Ledin et un prestataire non encore choisi, est élaboré. Il prévoit la construction d'un grand établissement de bains avec piscine sur un terrain appartenant à la ville et se trouvant entre le cours Hippolyte Sauzéa et la rue Traversière prolongée (aujourd'hui rue Alphonse Raynal). Ce traité doit encore obtenir l'aval des autorités administratives.

Et le temps passe ! Nous retrouvons une délibération d'une session extraordinaire du Conseil municipal le 26 novembre 1909 qui prend acte de l'approbation par la Commission administrative des Hospices de la création de quatre établissements qui pourraient être situés rue Fontainebleau (aujourd'hui rue Étienne Mimard), rue César Bertholon, chemin de Bizillon et rue Lamartine.

Le projet se modifie avec l'adjonction aux quatre établissements de bains-douches d'un gymnase et les lieux d'implantation changent encore. Dans la délibération du 14 mai 1910, ils sont prévus sur des terrains appartenant à la ville place Carnot et rue Cité ainsi que sur des terrains des Hospices échangés avec la ville, rue du Soleil et rue Coraly Royet.

Finalement, ce sera rue du Treyve sur un terrain venu par Geoffroy Guichard, à Tardy (aujourd'hui rue Vaillant-Couturier), rue du Soleil (aujourd'hui rue Louis Soulié) et rue Coraly Royet. Ils seront construits dans l'année 1912, le Ministère ayant menacé de retirer la subvention de 100 000 F provenant d'une taxe sur les jeux d'argent. La date 1912 apparaît encore sur l'établissement du Soleil. Ces établissements ouvriront, pour les trois premiers, le 1er juillet 1913 et pour celui de Tardy le 10 avril 1914.

Ces bâtiments sont encore visibles aujourd'hui et pour certains sont encore des gymnases.


Établissement rue Coraly Royet


Établissement rue du Treyve


Établissement du Soleil (rue Louis Soulié)


Établissement de Tardy (rue Vaillant-Couturier)
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