L'Hôtel-du-Nord

 
Cet hôtel se trouvait 7 rue Royale, le bâtiment existe toujours, il est au 7 de la rue de la République et fait l'angle avec la rue Brossard.
C'est au début du XIXe siècle que fut projeté le tracé de cette rue finalement ouverte en 1828. L'immeuble a été construit en 1836 comme il est indiqué encore aujourd'hui au-dessus de l'entrée et apparaît donc sur le plan de 1840 :


Comme on peut le voir sur la coupure de presse, on trouve une trace d'un Hôtel-du-Nord tenu par le couple Robert-Fond dès la fin 1827 probablement place du Marché (place Dorian).


L'acte de mariage du 14 octobre 1822 à Saint-Chamond nous en dit plus sur ces personnages. Florentin Robert est né le 17 messidor an III soit le 5 juillet 1795 et est traiteur rue de la Halle (rue Camille Colard) à Saint-Étienne, Jeanne Marie Fond est née à Saint-Chamond le 26 nivôse an X soit le 16 janvier 1802.

C'est le dimanche 22 octobre 1837 que le couple Robert-Fond ouvre l'hôtel à sa nouvelle adresse, rue Royale.


C'est dans cet hôtel que descendent toutes les personnalités comme en témoigne la plaque qui rappelle le passage de trois personnages. La tragédienne Rachel, qui a passé une partie de son enfance à Saint-Étienne, descendit en cet hôtel lorsqu'elle revint pour triompher dans le rôle de Camille dans Horace le vendredi 21 août 1840.
Concernant Jules Barbey d'Aurevilly, il semble qu'il soit passé à Saint-Étienne en novembre 1846. En effet, dans une lettre datée de Bourg-Argental le 17 novembre 1846, il y parle des inondations de la Loire qui ont eu lieu fin octobre. Dans cette lettre, il évoque la ville et l'Hôtel du Nord en ces termes : Saint-Étienne, une vraie ville anglaise ou américaine, noire, brumeuse, charbonnée, mais bien bâtie, avec les plus beaux et les plus aristocratiques hôtels pour les voyageurs. L'Hôtel du Nord est quelque chose de curieux en ce genre. Si on y meurt d'ennui, c'est du moins d'un ennui Royal.
Quant au malheureux Grouchy, rentrant à Paris, il est descendu à cet hôtel fatigué d'un voyage en Italie qu'il venait de faire avec sa seconde épouse de 36 ans sa cadette et y est mort le 29 mai 1847 à 20 h 30 et non le 30 mai comme indiqué sur la plaque.

On trouve trace d'au moins deux enfants du couple Robert-Fond, l'un, Étienne, né en 1824 qui est témoin sur l'acte de décès de Grouchy et Charles décédé à 35 ans à Hyères en 1858. Florentin meurt probablement dans le début des années 1850 car est créée le 15 avril 1854 la Société exploitante Jeanne Marie Fond veuve Robert & fils.

Outre le passage de personnalités comme on l'a vu plus haut ou même de japonais venus visiter la manufacture d'armes, toutes sortes d'événements avaient lieu dans cet hôtel. On y faisait les assemblées des actionnaires de différentes entreprises ou de la Compagnie des mines, des expositions, des banquets de toutes sortes car la table était renommée, mais aussi, dans les chambres de l'hôtel, des consultations de médecins spécialistes, de dentistes, d'opticiens souvent venus de Paris.

Outre celui de Grouchy, d'autres décès ont été constatés dans cet hôtel, celui d'un prêtre en octobre 1857, en août 1864 le suicide d'un employé de 25 ans qui s'est jeté dans le vide du quatrième étage, le décès d'Isidore Dyèvre, ingénieur civil administrateur des mines de Montrambert et la Béraudière le 9 novembre 1867 ou encore celui d'un voyageur en pharmacie en janvier 1869.

Le 18 décembre 1877, Jeanne Marie Fond meurt et l'hôtel est mis en vente. Il est repris par Pascal Viet le 15 juillet 1878 et rénové, notamment avec l'installation d'un jardin d'hiver de plain-pied avec les salons du premier étage ainsi que des bains publics. On trouve des publicités dans la presse pour des locations de salles notamment mais le 4 août 1880 Pascal Viet et son épouse Marie-Élisabeth Fernandez se séparent, une vente judiciaire a lieu le 27 juin 1880 et les locaux sont à louer dès septembre.
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