Famille Odouard

 

En mars 1896, le Petit journal relatait ainsi la mort du fils de Laurent Odouard : Hier soir a été découvert le cadavre du célèbre rebouteur, Jean-Marie Odouard, dit Saint-Savin, au bord d'un sentier isolé, sur la commune de Véranne.

Mais c'est le père qui eut le privilège de porter le premier le surnom de Saint-Savin (ou Saint-Sabin, San-Savi en patois). Il existe aujourd'hui un sentier de randonnée qui porte le nom de la famille dans le Parc Régional du Pilat. Dans les actes plus anciens, le nom s'écrivait Audouard.

Laurent est né à Véranne, au lieu-dit Saint-Sabin, le 15 février 1815 (consulter le registre), fils de Jean-Pierre Odouard, cultivateur et de Françoise Decreux. Il est propriétaire cultivateur lors de son mariage à Colombier le 24 novembre 1836 avec Marianne Étiennette Rivory, la fille du maire. En 1841, le couple est installé au hameau du Roure à Colombier. Laurent Odouard est surtout connu pour ses dons de guérisseurs qu'il exerçait pour 25 centimes, prix fixe, quelle que soit l'opération ou la richesse du patient.

Jean-Claude Marie Seytre de la Charbouze (1803-1879), dans la deuxième édition de 1874 de Voyage au pays du Mont Pilat, parle, sans donner de nom, d'un guérisseur à Saint-Sabin. Il pourrait bien s'agir de Laurent Odouard. Lors de leur première rencontre, le guérisseur lui aurait raconté que lors d'un accès de fièvre, en manipulant son fusil, le coup serait parti et lui aurait coupé quatre doigts. Il aurait alors rapproché les morceaux, mis du sel et enveloppé la main. Huit jours plus tard, les doigts fonctionnaient de nouveau. Jean-Claude Seytre livre alors cette citation : Ce fut la première fois que je reconnus en moi le pouvoir que Dieu m'accordait, de remettre les membres cassés ou démis.

Dans une délibération du Conseil municipal de Saint-Genest-Malifaux du 20 février 1872, il est signalé que Laurent Odouard, à son grand regret, refuse d'exercer son art suite à un jugement du tribunal Saint-Étienne qui l'a frappé d'amende. Les protestations sont alors unanimes. Comme il oeuvrait de manière désintéressée, les médecins trouvant la concurrence déloyale, l'ont fait poursuivre à plusieurs reprises. Les condamnations n'ont cependant jamais été très lourdes et Saint-Savin reprenait peu après ses activités. Il prodiguait ses soins dans quatre communes, Colombier, Maclas, Bourg-Argental et Annonay mais recevait des malades et blessés d'une bonne partie du territoire, on dit même qu'il a reçu des anglais.

Après un trajet à Maclas par grand froid, il meurt à son domicile du hameau du Roure, à Colombier, le 20 janvier 1886 (consulter le registre), de ce que l'on appelait à l'époque une fluxion de poitrine. Il est suivi dans la tombe, le 31 du même mois, par son épouse qui était alitée depuis longtemps. Reconnu bienfaiteur dans toute la région, vingt-une communes du Pilat ont ouvert une souscription pour élever un monument, exécuté par M. Bovet d'Annonay, portant le buste ci-contre, oeuvre de François Girardet, sculpteur à Lyon, que l'on peut voir encore devant l'église de Colombier. Ce monument a été inauguré le 8 mai 1887.

Jean-Marie Odouard, le fils, est né au hameau du Roure à Colombier le 15 janvier 1844 (consulter le registre). Il est propriétaire cultivateur au Roure à Colombier lorsqu'il épouse, dans cette commune, le 7 décembre 1868, Élisabeth Caillet qui meurt peu après, le 22 avril 1870, à 27 ans. Il se remarie à Colombier avec Marie Joséphine Séauve le 14 septembre 1875. Ils auront 8 enfants. Après le décès de leur fille aînée en 1884 à l'âge de 8 ans, la famille quitte Colombier pour Saint-Julien-Molin-Molette. Son épouse meurt le 29 mai 1889 et Jean-Marie reste avec ses deux filles de 12 et 11 ans et ses cinq garçons de 9, 8, 7, 5 et 3 ans.

Jean-Marie s'était rendu à Doizieux pour soigner un enfant que l'on ne pouvait pas transporter car il avait une jambe cassée et c'est à son retour qu'il a disparu. Ses enfants le firent rechercher et on retrouva son corps sur le chemin du retour. L'acte de décès a été enregistré à Véranne le 5 mars 1896, datant la mort du 3 mars et signé par un voisin menuisier, Jean-Baptiste Bruyère, et le domestique de Jean-Marie, Jean Fanget, qui était parti à sa recherche. Il est indiqué comme lieu de décès, le lieu-dit "la croix du Treyve", cependant, une croix a été élevée à sa mémoire à l'endroit où l'on a retrouvé le corps et cette croix ne se situe pas à ce lieu-dit, mais sur le sentier portant le nom d'Odouard aujourd'hui près du crêt de Peillouté entre Saint-Sabin et le col de l'Oeillon.
Le socle de la croix porte l'épitaphe : "ICI A ETE RETROUVE MORT LE 3 MARS 1896 J-M ODOUARD DIT SAINT SAVIN DE ST-JULIEN-MM BIENFAITEUR DE LA REGION DU PILAT DE PROFUNDIS".

Parmi ses sept enfants, il semblerait que trois de ses garçons aient également eu le don de guérir, il s'agirait de Joseph né en 1881, de Laurent né en 1882 et de Paulin né en 1884.

En savoir plus sur la généalogie de la famille Odouard.

Le monument à la mémoire de Laurent Odouard et l'église de Colombier. Photo aimablement fournie par la mairie de Colombier

Jean-Marie Odouard, site d'origine de la photo

La croix élevée à la mémoire de Jean-Marie Odouard sur le lieu de son décès (photo Patrick Berlier)

L'inscription sur le socle de la croix (photo Patrick Berlier)
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