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Les victimes du bombardement du 26 mai 1944 |
Combien y a-t-il eu de victimes ? Qui étaient-elles ? Peut-on établir la liste de leurs noms ? C'est cette recherche qui a motivé cette page plus que le bombardement lui-même sur lequel on trouve assez facilement des récits. Voyez les documents sur le site des archives municipales ou le site d'histoire et patrimoine, ou encore les témoignages de survivants sur Mémoire-net.
Entre 10 h 15 et 10 h 35, en trois vagues successives, l'aviation alliée a largué des tonnes de bombes visant les gares, les voies ferrées et les usines d'armement. Il y a eu des morts dans ces lieux mais aussi dans des immeubles, des églises, des écoles touchés à cause de l'imprécision des tirs.
Derrière les images de bâtiments en ruine et de froides statistiques, il y avait des hommes, des femmes et des enfants qui ont perdu la vie au matin de ce vendredi qui annonçait un week-end de Pentecôte estival. Que sait-on d'eux ?
La municipalité a retenu Alexandre Jacob, le directeur de l'école de Tardy à qui l'on a rendu hommage en donnant son nom à un square tout proche. On peut également trouver la liste des maîtres et des élèves tués dans cette école, une plaque commémorative se trouvant sur les lieux. Comble de malchance, l'école Bizillon (Jules Ferry) était occupée par les allemands et les élèves avaient été déplacés vers l'école de Tardy, c'est pourquoi, on trouve aussi une plaque commémorative sur l'école de la place Jules Ferry reprenant certains noms de la précédente. On trouve enfin, un dernier hommage nominatif sur le mur de l'école Gaspard Monge, à la mémoire de Mme Gallon, la directrice. Toutes les autres victimes sont restées dans l'anonymat, cette page leur rend hommage en leur restituant leur identité. La liste des victimes a été établie grâce au registre des décès de Saint-Étienne spécialement ouvert pour cet événement ainsi qu'au registre de l'année 1944. Il y a 783 actes établis entre le 6 juin et le 4 septembre 1944. Il faut y ajouter les transcriptions qui se sont échelonnées de 1945 à 1961, soit 77 actes supplémentaires. On a donc 860 actes de décès à Saint-Étienne. Les blessés ont été répartis dans les cliniques et hôpitaux de la région, ainsi certains sont décédés à Firminy ou Saint-Chamond. Si l'on ajoute un serbe dont le décès apparaît sur sa fiche d'immigration mais pas à l'état-civil, tous les actes officiels nous amènent à 880 victimes. L'heure de décès des personnes tuées sur le coup est 10 h 15, aucune heure n'est notée pour les transcriptions qui concernent probablement des personnes non identifiées au moment des faits ou disparues. Toutes les autres heures ou dates correspondent à des blessés qui n'ont pas survécu, ce qui représente 71 victimes décédées parfois sur place, lors de leur transfert en ambulance ou dans un établissement hospitalier. Le décès le plus tardif est celui d'un homme de 46 ans mort le 16 septembre à l'hôpital. Certains corps n'ont été retrouvés que plusieurs mois après comme celui d'une dame retrouvée rue Barrouin le 8 novembre. Il y a des familles durement touchées, on peut citer les cinq soeurs Picot de 14 à 21 ans tuées à leur domicile, rue Jean-Baptiste Ogier (rue Joanny Durand aujourd'hui) avec leur gouvernante de 31 ans, Marie Madeleine Callandre ; le père, veuf par ailleurs, ingénieur de 47 ans et au travail au moment des faits, sera sauvé de la folie par la présence d'une dernière fille et de quatre garçons. Ou encore la famille Pizot dans laquelle le père et la mère ont été déclarés tués sur le coup, mais la fille et les deux fils déclarés morts dans une transcription de 1951. On trouve par ailleurs des listes aux archives municipales, avec des noms qui ne figurent pas sur le registre des décès. Ainsi, le 27 juillet, il est fait état de 925 morts, environ 1400 blessés, 22520 personnes à qui l'on a délivré une carte provisoire de sinistré. Il y aurait donc 52 victimes non répertoriées sur le registre des décès et plus encore si l'on en croit des études récentes avançant le chiffre de 987 morts. C'est plus de dix fois le nombre estimé par les forces américaines dans le cadre du "transportation plan" qui devait couper les voies de communication afin d'empêcher les armées allemandes de rejoindre les lieux du débarquement. L'image ci-dessous, tirée de l'excellent documentaire diffusé par France 3 en mai 2014, La France sous les bombes alliées, montre que, sur 5000 +/- 1000 habitants se trouvant dans les zones bombardées, le nombre de morts estimé devait être de 90 +/- 10 ! ![]()
Cet hôpital avait un dispensaire d'ankylostomose (ou ankylostomiase), maladie provoquée par des vers parasites dont les larves survivaient dans les galeries des mines. Cette parasitose provoquait l'anémie des mineurs reconnue comme maladie professionnelle. En savoir plus sur cette maladie dans les mines de la région... |
![]() Photo du bombardement du secteur de Châteaucreux, 26 mai 1944, 10 h 16, avion n° 832, escadrille américaine 775, altitude 6650 m, archives municipales |
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Trois extraits d'une carte établie par Carole Bessenay de l'Université Jean Monnet montrant les lieux et le nombre de victimes. L'épaisseur du trait indique les tués en pourcentage du nombre total, les chiffres donnent le nombre des victimes dans chaque lieu. Source : Mémorial de la Résistance et de la Déportation de la Loire |
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![]() Quartier du Soleil |
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![]() Quartier de Tardy |
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![]() Quartier de la Chaléassière |
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![]() L'hôpital des mineurs rue du Monteil (photo groupe Mémoire du Soleil) |
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![]() L'hôpital des mineurs rue du Monteil (photo groupe Mémoire du Soleil) |
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![]() À la mémoire des 8 maîtres et 24 élèves des écoles de Tardy et Bizillon La victoire de Samothrace, réplique de la statue du Louvre, inaugurée le 11 juin 1951, œuvre de Gaston Watkin (Toulouse 17.09.1916 - Meudon 02.05.2011) |
![]() Vierge élevée à Montmartre à la mémoire des victimes du bombardement La première pierre a été bénie par Monseigneur Bornet, Évêque de Saint-Étienne, le 26 mai 1954 |
![]() Place Jules Ferry sur l'école |
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![]() Rue des Alliés devant l'église Saint François Régis |
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![]() Rue du Monteil |
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![]() Rue Gaspard Monge à la mémoire de la directrice de l'école |
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![]() Rue Maurice de Prandière |
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![]() Monument au cimetière de Côte-Chaude |
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![]() Cimetière de Côte-Chaude, 219 tombes dont 11 musulmanes et 97 portant la mention inconnu(e) |
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![]() Tombe des soeurs de Saint Vincent de Paul au cimetière du Soleil |
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![]() Les noms des soeurs de Saint Vincent de Paul tuées lors du bombardement |
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![]() Le maréchal Pétain devant les ruines de l'église Saint François le 6 juin 1944 Document INA, voir la vidéo |
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