Le drame de Chamousset 3 mai 1856

 
Chamousset est aujourd'hui le promontoire qui plonge dans les eaux de la Loire en face de la plage de Saint-Victor-sur-Loire.
Avant la construction du barrage de Grangent et sa mise en eau en 1957, Chamousset était un petit hameau que l'on voit sur la vue aérienne de 1953. Sur le recensement de 1851, il comptait seulement 3 maisons et 27 habitants.

Pour traverser la Loire, les habitants de Chambles et des environs pouvaient emprunter le pont du Pertuiset ouvert en 1842 mais il était plus court pour rejoindre Saint-Étienne de traverser la Loire grâce à un bac qui les amenait à Saint-Victor. On peut imaginer que la traversée se faisait à l'endroit encerclé dans l'image aérienne de 1953.

M. Coste, meunier, avait été autorisé à établir une traille, c'est-à-dire un câble entre les deux rives de la Loire. L'embarcation est en principe reliée au câble par une poulie et le bac avance grâce au courant ou à la force des rames ou encore à la main par traction sur le câble. Depuis quelques temps le propriétaire avait affermé son bac à M. Poliat de Saint-Victor-sur-Loire.

En ce début d'année 1856, la météo était très capricieuse. Dès janvier, on passait en 48 heures d'un temps printanier à de fortes gelées pour revenir à des températures dignes d'un mois d'avril avec même des orages. Des vents violents soufflaient sur la région au point d'abattre deux cheminées de four des usines Jackson, Pétin, Gaudet de Saint-Chamond.

Des pluies chaudes et torentielles ont marqué la fin du mois d'avril ce qui n'a pas manqué de provoquer des inondations. La Loire est donc en crue ce 3 mai 1856 lorsqu'embarquent dans le bac, vers 5 heures du matin, une douzaine de passagers et autant d'ânes chargés pour aller au marché à Saint-Étienne.
Les passagers se rendant compte du chargement excessif, du vent et du courant, demandent au batelier de faire le voyage en deux fois ce qu'il refuse. Le bac commence sa traversée mais il s'enfonce anormalement dans l'eau à cause du poids embarqué et, arrivé au milieu de la Loire, le courant pousse trop fortement l'embarcation ce qui provoque la rupture du câble et le chavirage.

Outre le batelier, cinq personnes ont pu regagner la rive, la presse de l'époque donne leurs noms : Anne Faure veuve Berthollet, Catherine Berthollet, Claude-Marie Porte, Antoine Valuire et Catherine Clément.
Huit passagers ont donc disparu dans les eaux. Certains corps seront retrouvés assez vite mais d'autres beaucoup plus tard et loin du lieu du naufrage car les fortes pluies ont continué tout le mois de mai.

On trouve à l'état-civil de Chambles, Lucie Dessagne dont le corps a été retrouvé le 3 mai aux barques à Saint-Rambert-sur-Loire, Claude Martignac 20 ans, corps trouvé le 17 mai à Andrézieux, Catherine Rebaud 18 ans, corps trouvé le 28 mai à Saint-Priest-la-Roche près de Roanne, Jean-Pierre Françon 30 ans et Jacques Faure dont les corps ont été trouvés le 29 mai à Saint-Just-sur-Loire.
À l'état-civil d'Andrézieux, Catherine Cros 18 ans et André Simand 29 ans dont les corps ont été trouvés le 3 mai à Andrézieux. Le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire ajoute à cette liste Marie Peyret, enceinte, épouse de Pierre Faurand dont le nom ne figure pas sur les registres.

Trois ânes seulement ont réussi à regagner la rive parfois avec des passagers qui s'accrochaient à eux.
Le batelier qui a surchargé le bateau et qui est soupçonné d'avoir utilisé un câble en mauvais état a immédiatement été arrêté. Comme l'indique cet extrait du Mémorial du 17 décembre 1856, le propriétaire du bac et le batelier ont été condamnés par le tribunal correctionnel.
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